Aujourd’hui, le halal en France souffre d’un manque de cohérence des pratiques, et de règles bien établies. Les mosquées qui prétendent certifier la viande n’opèrent pas toutes les mêmes contrôles (voir aucun contrôles), les organismes ne sont soumis à aucune loi fiable…
Le résultat est que les établissements et les restaurants respectueux souffrent du doute, et que les arnaques voient une bonne aubaine dans ce marché en pleine croissance. Les acteurs de la grande distribution, par exemple, exploitent un filon en croissance de 10% par an sans se soucier d’un contrôle qui n’existe pas. Seuls les consommateurs vigilants et les sites et annuaires proactifs ont encore le pouvoir d’alerter les musulmans (comme ce fut le cas, heureusement, pour Doux, pour Knacki Herta ou pour Fleury Michon).
Il est temps de mettre tous les rouages à plat pour discerner le vrai du faux halal.
1/ Certains producteurs s’arrangent des règles les plus légères, mais qui semblent fiables : par exemple, rappelons que toute certification effectuée Mosquée de Paris ou d’Evry n’est pas fiable à 100%. Pire encore, l’AFCAI qui “certifie” Doux est soumis à caution, et pourtant présent jusqu’à La Mecque.
2/ D’autres producteurs certifient eux-mêmes leur viande, comme Al Islami à Dubaï ou Délice Ikbar en France. Bien entendu, et malgré leur bonne foi certaine, il est impossible de laisser à chacun le soin de dire ce qui est licite et ce qui ne l’est pas : seul un organisme tiers et indépendant peut apporter une validation, et une garantie de qualité.
3/ Il y a, heureusement, des producteurs qui font appel à un organisme tiers reconnu comme fiable. Ces producteurs n’hésitent souvent pas à annoncer leur collaboration avec ces organismes, pour prouver aux consommateurs que leur démarche est transparente et licite. C’est le cas de Isla Délices, certifié par AVS, par exemple.
4/ Certains abattoirs jouent le jeu du “vrai halal” en pratiquant un abattage manuel, sans machine ni électronarcose. Bien sûr, ces procédés reconnus comme les plus fidèles au halal sont longs et coûteux, et subissent donc la concurrence sévère des abattoirs moins regardants, sous la loi de l’industrialisation. Les abattoirs La Guillaumie, à Appoigny par exemple, s’enorgueillissent de produire un vrai halal.
5/ Certaines ambassades étrangères interviennent également dans le débat, en faisant pression sur les abattoirs et sur les pouvoirs publics pour légiférer de façon définitive.
6/ Les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), nous l’avons vu, subissent à leur tour la pression du marché de la grande consommation et de l’industrialisation, et font passer au second plan les règles élémentaires pour satisfaire au plus vite une demande croissante.
7/ Les mosquées, qui font payer les autorisations de certifications et les certifications elles-mêmes, entretiennent la confusion en ne pratiquant pas toutes des contrôles identiques. Le danger ici est que les mosquées sont très prescriptrice : elles font autorité. Qu’elles ne s’accordent pas crée donc un vrai problème de crédibilité.
8/ Enfin, les consommateurs cherchent des produits qui soient à la fois licites, peu chers et distribués partout. Cette équation impossible à résoudre est pourtant la clé du problème : c’est pour satisfaire la demande que les producteurs et les distributeurs s’éloignent de la règle et créent la confusion. Au final, le consommateur, qui est à l’origine de ces dérives, en est le plus lésé.
Il est donc nécessaire d’assainir le marché du halal, pour le bien de tous.
(c) le Parisien
Les autres épisodes :
Le halal en france episode 1 : Qu’est-ce que le halal?
Le halal en france episode 2 : Qui fait ?
Le halal en france episode 4 : Le débat.
Le halal en france episode 5 : La position de paris-halal