Il est vrai que la première élection venue fournit le prétexte idéal pour faire passer des messages lourds. Pas lourds de sens, non, lourds de non sens, au contraire. Du lourd à digérer, du massif à voir de loin, du gros à moudre. Il faut que les choses soient claires et clairement dites : on n’a pas le temps de faire dans la nuance, on a des élections à gagner et ça, ça dépasse de loin toutes les finesses dont la véritable politique devrait faire preuve. La vie des gens ? Mais on s’en fout ma bonne dame. Il faut schématiser. Alors imaginez ce qui se passe lorsque les élections sont présidentielles.
Heureusement, des voix s’élèvent de-ci, de-là, pour rétablir un certain équilibre, une certaine vérité. C’est bien la force du web que de donner la parole à tous, malgré tous les efforts faits pour la cacher. Ainsi, Malama, une jeune Musulmane d’origine sénégalaise, raconte à Rue89 comment elle vit en France la pression de plus en plus forte qu’elle subit, du fait de sa religion. “Toi, musulmane ? Arrête ! J’aurais pas dit, t’es quelqu’un d’ouvert !” entend-elle par exemple lors du Ramadan.
Pourtant Malama vit de façon moderne et pratique sa religion de façon totalement libre. “Une de mes proches amies me raconte qu’elle doit sans cesse jurer que ses parents ne l’obligent pas à pratiquer, que c’est elle qui veut.” Son témoignage rappelle à quel point la sphère du religieux est non seulement privé, mais également comme les fantasmes sur l’Islam ont gangréné la société française : “je n’ai pas été mariée de force à un cousin du bled“.
Bref, un témoignage riche, dense, brillant, qui rappelle que les temps changent, et pas forcément en bien. Reste à espérer que ce n’est qu’un effet de mode lié aux élections, et que tout s’apaisera par la suite, de telle sorte que Malama puisse dire sans que ce soit pour se défendre : “Je suis musulmane, madame, et je suis chez moi.”