La marque Pizza Express est accusée par les tabloïds britanniques de tromper ses clients en leur vendant de la viande halal sans le leur dire. Ce qui est honteux dans cette histoire, ce n’est pas tant que la presse anglo-saxonne ait découvert une soi-disant arnaque, mais que le halal serve de bouc-émissaire pour dénoncer une islamisation fantasmée du pays.
Car enfin, en quoi le fait que cette viande soit supposément halal serait un crime qu’il faille absolument cacher ? En quoi les consommateurs seraient particulièrement arnaqués ? En quoi cela serait incompatible avec leur foi ? L’inverse, oui, et chaque religion a ses principes, ses règles, ses exigences et ses interdits. Mais le halal n’est interdit nulle part. Pourquoi ne pas dénoncer que chaque ingrédient n’est pas clairement tracé, jusqu’au nom du producteur, tant qu’on y est ? Et pourquoi pas ? Après tout, les pesticides sont bien plus dangereux que le halal, ceux qui s’en servent sont de pires assassins.
Et surtout, Pizza Express dénonce un fantasme : on les accuse de vendre de la viande halal sans le dire, alors qu’ils affirment que leur viande n’est pas halal. On brandit le halal comme un crime, et on s’offusque d’en être accusé. Le halal n’a jamais tué personne. Mais la prise de position très ouverte et progressiste de David Cameron, Premier Ministre britannique vis-a-vis du halal, ainsi que l’annonce de sandwichs halal chez Subway en Angleterre a dû vexer profondément les réacs frustrés outre manche. Ils ont sauté à la gorge de la première cible venue. Ca en dit long sur le danger réel que représente le halal : celui du progrès contre l’obscurantisme, de la tolérance contre la bêtise.