Le parti islamiste Ennahda (“Renaissance”) arrivé en tête aux récentes élections tunisiennes a créé une sorte de mouvement de défiance de la part des pays occidentaux, dont la France. Pourquoi ? Probablement parce qu’il s’affiche comme islamiste, et que tout ce qui a trait à l’Islam fait peur, suite au travail de sape orchestré par le gouvernement français. L’Islam, ce serait le retour aux valeurs conservatrices, le renoncement aux libertés accordées aux femmes, le retour à la loi martiale… et pourquoi pas à la dictature, tant qu’on y est.
Pour en avoir le coeur net, il suffit de lire le quotidien Le Monde du 28 octobre 2011. Une interview du fondateur du parti Ennahda, Rached Ghannouchi, fait la lumière sur les véritables intentions du grand vainqueur de ce premier tour. Et ghannouchi est clair :
– A propos des femmes : “Nous (ne) toucherons pas (au statut personnel qui les protège). Nous pourrions même consolider les acquis de la femme, par exemple sur l’inégalité des salaires, ou sur la création de crèches sur le lieu de travail. Il y a aussi beaucoup de harcèlement sexuel.“. Les femmes n’ont donc rien à craindre, et soyons sûrs que le peuple y veillera.
– A propos de l’Islam : “Nous sommes déjà selon l’article1 de l’actuelle Constitution un état musulman dont la religion est l’islam. (…) Tous les Tunisiens s’accordent sur leur identité arabo-musulmane.” Alors pourquoi craindre un retour vers ce qui est déjà en place ? Pourquoi ne pas simplement accepter que l’Islam soit un ciment social, de même que la religion catholique est à la base de toutes les lois françaises ?
– A propos d’une gouvernance religieuse : “Ce sont les valeurs islamiques basées sur l’égalité, la fraternité, la confiance et l’honnêteté. Ces valeurs-là sont l’essence de la charia et celle-ci n’a jamais quitté la Tunisie.” Diaboliser le Coran à tour de bras comme le fait la France fait vite oublier ses valeurs fondamentales d’ouverture et de respect.
Ajoutons enfin que Rached Ghannouchi ne postule à aucune fonction au sein du prochain gouvernement. La sagesse de cet homme lui fait dire qu’il se “trouve beaucoup mieux dans l’univers de la pensée que dans celui de la politique. Ce qui m’intéresse, c’est de voir la Tunisie développer une démocratie qui marie l’islam et la modernité.” Que tous ceux qui critique le choix d’un peuple sur la foi de leur ignorance méditent un peu.